La
désignation des avions américains militaires
1919-1960
C'est une
histoire fort
complexe. Clair et simple à ses origines, le
système de désignation des avions
militaires américains, revu, augmenté et
modifié au cours des années s'avère
maintenant des moins compréhensibles. Le groupement
d'éléments semblables est
une caractéristique propre à l'intelligence
humaine et si cette vérité
n'existait, on pourrait se demander la raison qui incita les
Américains à
élaborer semblable système, peu rationnel et dont
l'utilité bien qu'existante,
pourrait avec raison se discuter. De plus, non satisfaits sans doute de
sa
complexité, emploient-ils encore une seconde
méthode de désignation propre à la
Navy et les constructeurs désignent-ils leurs productions
suivant leur système.
Un cryptographe en pâlirait.
La
méthode allemande de
désignation était manifestement plus
sensée. Deux particules, l'une littérale
indiquant le constructeur et l'autre numérique, formaient le
nom de l'avion, et
l'avion n'avait qu'un nom. Aux U.S.A. le célèbre
Douglas DC-3 répondait à 12
désignations différentes ! (C-41,
C-47, C-48, C-49, C-50, C-51, C-52, C-53, C-68
R4D CG-17 DC-3). Cependant, il
est
difficile de comparer ces deux systèmes qui sont
basés sur une autre conception
pratique. Le système allemand, sorte d'inventaire permanent,
était, avant
toutun
système de classement. Les
Américains préférèrent un
système de désignation. En effet la simple
lecture de
la désignation américaine fournit
instantanément le curriculum vitae de l'avion
auquel elle est appliquée et c’est là
peut être le seul avantage de cette
méthode.
II
ne sera, en aucune
façon, fait mention au cours de cet article du
système de
désignation de l'U.S.
Navy. On sait en effet que la production aéronautique
militaire
des U.S.A. est
englobée par trois départements autonomes :
l'U.S. Navy,
l'U.S. Army et l’U.S.
Air Force dont la création remonte à 1947. Avant
cette
date, seules existaient.
l’US Army Air Force (U.S.A.A.F.) et l'US. Navy (USN) dont la
rivalité n'a pas
encore cessé d'exister. Lorsque les forces armées
furent
séparée en
départements distincts, l’US Air Force profita
pour
insister sur le fait
qu'elle seule avait le droit d’acheter et
d’employer des
avions armés ou
de masse supérieure à 5000 lbs ce qui
réduisit
l’Army à utiliser des
hélicoptères et
appareils légers dépourvus d'armement.
La
création de l'armée
de l'air américaine remonte au 1 août 1907 sous le
titre
de Army Signal Corps. Cette dénomination deviendra, en Juin
1918, l’ Army Air Service qui établira,
en 1919, le premier système de désignation
basé
sur celui en vigueur dans
l'aviation française à cette époque
rapportée par les pilotes volontaires
américains qui prirent part a la première guerre
mondiale. Les désignation
françaises utilisaient un suffixe qui indiquait le type de
l'avion. Ainsi, par
exemple, savait-on que le Nieuport 17C1 était un monoplace
de
chasse et que le
Nieuport 80E2 était un biplace
d’entraînement. Le 2 juillet 1926,
l’Army Air Service devenait l’US Army Air Corps
(USAAC), désignation elle même
changée le 20 juin 1941 en US Army Air Force. Les
systèmes de désignation
évoluent indépendamment de ces changements
Le
système de 1919
Très
simple, il comporte
un indice littéral déterminé par le
code établi et renseignant la mission de
l'avion. Cet indice est toujours suivi d'un nombre de progression
arithmétique
de raison 1 qui permet la distinction entre deux modèles
qualifiés pour une
même mission. Exemple : Martin T-l, Fokker T-2 L W F T-3
trois modèles
différents qualifiés pour le ttransport. Chaque
version d'u même modèle est
représentée par une lettre suffixe qui suit
l'ordr alphabétique. Exemple :
Martin T-1, Martin T-1A, Martin T-1B trois versions d'un même
modèle. Les
lettres O et I ne sont pas employées
Indices
littéraux
renseignant la mission de l'avion
Ce n'est qu'en
1924 que
fut introduit le préfixe X indiquant que l’avion
se trouve sous statut spécial.
Exemple
le précédent
tableau permet d’analyser quelques désignation de
1919
1.
Boeing PW-9D : Etait
le 9ème(9) avion de chasse à moteur refroidi par
eau (PW) produit pour l’Army
Air Service depuis la mise en service du système de 1919. Le
suffixe D nous
précise que l'avion est dans sa 5ème version.
Notons que le PW-9 tut construit
sous les formes suivantes PW-9 (moteur Curtiss D-12), PW-9A (moteur
Curtiss
D-12C), PW-9B (l Curtiss D-12D), PW-9C (même moteur mais
fuselage plus étroit)
PW-9D (même moteur mais dimensions modifiées)
2.
Gallaudet DB-1B :
Premier avion de bombardement de jour (DB) produit pour l'Army Air
Service
depuis la mise en vigueur du système de 1919. Il s'agit ici
de la 3ème version
de cet avion (B).
Le
système de 1924 revu
en 1941
Le
système initial fut
complètement modifié en 1924 étant
donné le nombre croissant des différents types
d'avions impossibles à répartir dans les 20
catégories décrites plus haut. A la
veille de l'entrée en guerre des Etats-Unis, plusieurs
nouveautés furent
introduites pour satisfaire aux exigences
réclamées par la diversité des
modèles de l'industrie aéronautique
américaine qui battait alors tous ses
records de production. Il en résulta l'introduction des
Block Numbers, des
Manufacturer's Letters et d'une série de préfixes
littéraux destinés à indiquer
un changement de la mission originale de l'avion.
Dans la liste
de base,
liste des indices littéraux renseignant la mission de
l'avion, nous
distinguerons 3 catégories : avions, engins
spéciaux et planeurs.
Indices littéraux
renseignant sur la mission
de l'avîon
Un avion peut
être placé
temporellement sous statut spécial. C’est le cas
notamment des avions
expérimentaux et des prototypes.
Lettres préfixes
indiquant un statut spécial
La
révision du système
de 1924, en 1941, introduisit d'abord une série de
préfixes littéraux indiquant
qu'une modification était survenue à la mission
initiale de l'avion. Un
bombardier, par exemple, pouvait être transformé
en avion de transport et un
avion de chasse pouvait très bien être
doté d'un matériel photographique pour
la reconnaissance. L'indice de mission était alors
précédé d'un préfixe
littéral qui pouvait, cela va de soi, être
également précédé du
préfixe
indiquant un statut spécial.
Préfixes
littéraux indiquant un changement de la mission initiale
Issu de la
même révision
de 1941, les Block Numbers permirent de désigner avec plus
de précision encore
les différentes versions d'un même
modèle. Comme dans le système de 1919, les
versions sont représentées par une lettre suffixe
qui suit l'ordre alphabétique
(B-2S, B-25A, B-25B, B-25C). Le Block Number suit ce suffixe et permet
de
distinguer une sous-version ou version de version. Composé
d'un nombre, il
indique un changement mmineur survenant dans la construction de l'avion
:
changement du matériel électronique ou de
l'équipement. Le Block Number croît
par multiples de 5, à partir de 1. Les nombres
intermédiaires étant
réservés à
des modifications particulières à un ou
à une petite série d'avions
réalisées
par des centres de modifications de l'aviation. Voici un exemple :
B-25A-1,
B-25A-5 et B-25A-10, trois B-25A équipés
différemment. Un B-25A-11 sera un
B-25A-10 modifié par un centre de modification. Ces
précisions permettent de
savoir instantanément si les pièces de tel
modèle sont interchangeables avec
les pièces d'un tel autre, ce qui arrive
fréquemment dans les zones de combat.
Le
Block Nnmber est
lui-même suivi d'un groupe de deux lettres
représentant, suivant un code
établi, le constructeur de l'avion. Le tableau des
Manufacturer's Letters est
donné plus loin.
Ces
éléments forment
donc la désignation complète de l'avion.
Voici trois
exemples :
1.Republic
P-47G-15-CU
(Thunderbolt) : Nous apprend que le Thunderbolt est le 47ème
(47) modèle
d'avion de chasse (P) du code de 1924 et qu'il s'agit ici de sa
8ème version
(G). Le Blocfc Number 15 précise que le P-47G a
été lui-même produit en quatre
sous-versions (1, 5, 10 et 15). Son constructeur est Curtiss (CU)
licencié de
Republic. Voir liste des Manufacturer's Letters.
2.
YPT-10D : 10ème (10)
modèle d'avion d'entraînement
élémentaire(PT) dans sa 5ème version
(D) au stade
de prototype (Y). Pas de Block Number ni de Manufacturer's Letters,
l'avion
étant antérieur à 1941.
3.
XCG-4B-TI : Est le
4ème modèle de planeur de transport (CG) dans sa
3ème version (B) au stade
expérimental (X) produit par Timm Aircraft (TI). Voir plus
loin. Pas de Block
Number étant donné qu'il n'existe que quelques
exemplaires expérimentaux de
l'appareil.
Système de 1948 revu
en
1955
Le
dernier système de
désignation comporte certains éléments
de son prédécesseur de 1924. Il atteint
le sommet de la complication. Nous le diviserons en deux parties :
avions et
missiles. La particule de base est, comme dans les deux chapitres
précédents,
destinée à représenter la mission de
l'avion. Dans ce nouveau système, la liste
des préfixes littéraux indiquant une modification
à la mission de l'avion est
beaucoup plus étendue et permet des combinaisons
innombrables. Chaque modèle
peut donc être désigné avec la plus
grande précision. Le préfixe auxiliaire de
statut spécial prend place devant la désignation
ainsi formée.
Indices littéraux
renseignant sur la mission de l'avion
Préfixes
littéraux
indiquant un changement de la mission initiale
Lettres préfixes pour
statut spécial
Les versions
indiquent,
comme pour les deux précédents
systèmes, au moyen d'un suffixe littéral et du
Block Number. Voir à cet effet le chapitre II. Le symbole
littéral, groupe de
deux lettres, termine la désignation de l'avion : il s'agit
des Mamrfacturer's
Letters dont voici la liste :
Manufacturer's letters
ou symboles des constructeurs
Remarques finales
1.
L'indice de mission F
(fighter) lorsqu'il fut mis en remplacement de l'indice P (Pursuit) n'a
pas
modifié l’ordre numérique
attaché à ce dernier indice. La progression
numérique
a évolué indépendamment du
remplacement de P par F. Cette remarque est valable
également pour l'indice T qui remplaça, en 1948,
les indices AT, BT et PT.
2.
Certaines
désignations demandent une explication :
ZF-24A et ZF-24B :
désignations transformées des avions d'attaque
A-24A et A-24B employés comme
chasseurs sous statut spécial. Ils furent
redésignés en1948KB-20H : désignation transformée de
l'avion d'attaque A-20 employé sous
statut spécial comme bombardier.
Redésigné en 1948. ZA-9 et
ZA-9A :
anciennement CA-9 et OA-9A redésignée en 1948.
Disposition
réglementaire des immatriculations. L'exemple est un North
Américain F-100
D-25-NA Super Sabre
Le système de
désignation des missiles
Les
missiles sont
désignés suivant le même principe que
celui exposé précédemment. Un indice
littéral renseigne la mission de l'engin. Deux
préfixes indiquant un changement
de la mission originale existent actuellement. Il est à
noter, toutefois, que
les chiffres attachés à l'indice de mission ne
suivent pas un ordre défini
étant donné que les désignations des
missiles actuels proviennent de la
transformation d'anciennes désignations. Le Boeing F-99,
chasseur téléguidé,
devint le Boeing IM-99 lors de l'établissement d'un
système de désignation pour
missiles.
Indices littéraux
renseignant sur la mission de l'engin
Préfixes
littéraux
îndîquant un changement de la mission
înitiale
Lettres préfixes
indiquant un statut spécial
IMMATRICULATION DES
AVIONS DE L'U.S. AIR FORCE
L'immatriculation
de
l'U.S.A.F. comporte quatre parties : le mot US Air Force figurant sur
le
fuselage en grandes lettres, la cocarde bleue et rouge symbole de
l'aviation
militaire américaine, le serial qui est composé
exclusivement de chiffres et
qui figure sur la dérive de l'avion et le Buzz Number ou
Buzz Marking qui n'est
appliqué que sur certains modèles d'avions.
Les
serials ou numéros
d'ordres sont renouvelés au début de chaque
année fiscale (1 juillet) et
repartent de 001. Toutefois, ils ne sont pas complets sans l'adjonction
devant
ces nombres du dernier chiffre de l'année fiscale. Ainsi, le
premier avion
construit au cours de l'année fiscale 1952 portera le serial
2001 (le chiffre 2
étant le dernier chiffre du millésime 1952). Un
serial vieux de dix ans est
précédé, pour éviter toute
confusion, du chiffre 0. Le serial 0-45601 se lira
donc 44-5601, mais le serial 45601 se lira 54-5601.
Parallèlement
aux serials furent introduites, en 1945, les Buzz Markings
destinées au repérage
facile d'un avion et possédant d'autres avantages aussi. Les
Buzz Markings ne
sont réservées qu'aux avions en service actif.
Certains prototypes en furent
dotés en prévision de leur production en
série mais, par la suite de l'annulation
des contrats, ne portèrent jamais les Buzz Markings qui leur
avaient été
attribuées. Les Buzz Markings se composent de deux parties,
l'une littérale,
l'autre numérique de trois chiffres qui ne sont autres que
ceux terminant le
Sériai de la dérive. .La partie
littérale est formée d'une lettre propre au
type de l'avion et d'une seconde propre au modèle. Exemple :
tous les avions de
chasse possèdent une Buzz Marking dont la
première lettre est F (Fighter). Le
système des Buzz Markings a été
maintes fois revu depuis 1945. Voici ceux qui
furent attribués et les corrections faites en 1947, 1948,
19491952 et 1954.
Liste des BUZZ MARKINGS
et leur situation à chaque révision du
système