Le
premier principe est que la couleur est une notion qui n'a pas de
réalité
tangible, c'est à dire que la couleur
n'existe pas au sens physique du
terme. La couleur est une notion physiologique, un
concept intellectuel,
qui résulte de la représentation par le cerveau
humain d'un stimulus fourni par
l'œil. Comme les humains sont construits sur un
modèle génétique a peu près
semblable tant au niveau du cerveau que de l'œil, ils
réagissent a peu près de
la même manière et interprètent les
stimuli oculaires de façon a peu
près identique. Le fait de dire qu'un objet soit
décrit comme étant d'une
certaine couleur résulte d'un consensus et d'un
apprentissage.
Le
second principe est que d’une manière
générale, un objet n'a pas de couleur
propre (sauf dans le cas très particulier des matériaux
photoluminescent). L'impression de coloration perçue par
l'œil vient de ce que l'objet, du
fait de sa nature physique (forme,texture,
composition chimique...) réfléchit de
manière sélective la
lumière qui est utilisée pour
l'éclairer. Ainsi, suivant la composition de la
lumière
d'éclairage, un objet peut apparaître avec des
couleurs très différentes."La terre est
bleue comme une orange"(L'amour la poésie Paul Eluard 1929)
Les photos de la très belle maquette de Reggiane Re-2000 de Henry Bertoja
prisent au cours du même vol mais avec des conditions
d'éclairage différentesfont apparaître l'avion
avec des nuances de gris différentes (photos Henry Bertoja)
Le
troisième principe est que la lumière est une
onde électromagnétique qui se
caractérise par sa fréquence ou sa longueur
d'onde. La source naturelle de
lumière à la surface de la terre provient du
soleil qui émet de la lumière dite
"blanche" c'est à dire composé d'un continuum de
radiations de
longueur d'onde différentes (les couleurs de l'arc en ciel).
L'œil humain n’est
sensible qu’aux radiations dont les longueurs d'onde sont
comprises entre 0.4µm
(violet) et 0.8µm (rouge). Les valeurs inférieures
à 0.4µm sont désignées
Ultraviolet (UV), les valeurs supérieures à
0.8µm sont désignées Infrarouge
(IR).
Le quatrième principe est que la
lumière solaire ne
parvient sur la terre qu'après avoir traversé
l'atmosphère qui est un gaz
composé d'azote, d'oxygène, de gaz rares, de
vapeur d'eau et de divers
polluants naturels ou artificiels. Ces composants chimiques absorbent
plus ou
moins certaines radiations de la lumière solaire (par
exemple l'ozone absorbe
le rayonnent ultraviolet, l'azote est responsable de la couleur bleue
du ciel).
Par ailleurs, en fonction de l'heure de la journée, c'est
à dire la position du
soleil par rapport à l'horizon, les rayons solaires
traversent une couche plus
ou moins épaisse d'atmosphère. Donc au cours de
la journée, suivant que le
soleil sera au zénith ou sur l'horizon, l'interaction entre
le rayonnement
solaire et l'atmosphère est plus ou moins grande et la
composition spectrale de
la lumière se modifiera en fonction de l'heure. Par exemple
la lumière solaire
peut apparaître très blanche quand le soleil est
au zénith et rouge au coucher
du soleil lorsque l'atmosphère est chargée
d'humidité, cela traduit le fait
qu'une grande épaisseur d'atmosphère
chargée en eau absorbe les radiations de
faible longueur d'onde et ne laisse passer que celle dont la longueur
d'onde
correspond au rouge. Enfin l'éclairage global de la surface
de la terre est du
à la fois a une source de lumière directive plus
ou moins "blanche"
(le soleil) et à une source de lumière diffuse
colorée (le bleu du ciel). Par
ailleurs, pour la lumière qui arrive au sol, la
répartition d'intensité entre
ces deux sources est également fonction de la nature et de
l'épaisseur de la
couverture nuageuse
Le
cinquième principe est que le récepteur
photosensible de l'œil humain (la
rétine) est tri-chromique et ne perçoit que 3
bandes de longueurs d'onde centrées sur les longueurs d'onde correspondant au rouge,
vert et bleu. Les
autres couleurs du spectre de la lumière blanche ne sont que
des
"impressions" dues à la recombinaison des trois couleurs
fondamentales au niveau du cerveau. Alors
qu’un certain nombre de sensations sont facilement
mémorisables et susceptibles
d’être retransmises à autrui, les
couleurs comme les odeurs se décrivent par
des mots en réalisant des analogies avec des
éléments naturels (bleu ciel, bleu
marine, rouge coquelicot, vert émeraude, terre de
sienne…) dont les couleurs
servent d’étalon de
référence. Un autre moyen pour transmettre
l’information
sur la couleur est son enregistrement au moyen de matériaux
photosensibles. La
photographie est un moyen de stocker l’information
à la fois sur la forme et la
couleur. A ce niveau il faut savoir que l’objectif
photographique présente lui
aussi une fonction de transfert chromatique. En fonction de la nature
des
matériaux qui composent les lentilles de
l’objectif, en fonction des
aberrations optiques, en fonction des couches minces qui sont
disposées à la
surface des lentilles, un objectif photographique influencera la
fidélité
chromatique d’une image. Ensuite l’image est
enregistrée sur un support argentique
ou électronique (matrice de photodiode) qui lui aussi
à sa fonction de
transfert chromatique. Enfin les supports d’enregistrement
s’altèrent dans le
temps, la photographie argentique en couleurs qui utilise des pigments
organiques voient ces derniers se dégrader en vieillissant.
Tout
cela pour dire que la notion de couleur est une notion bien subjective, relative,
fluctuante
dans l’espace et le temps. Ainsi si avez
photographié un avion en plein midi
avec un ciel sans nuage ou en fin d’après midi
avec un ciel couvert, celui-ci
peut apparaître, à l’examen des tirages,
de couleurs sensiblement différentes.
Quelqu’un d’autre qui aura pris, dans les
mêmes conditions, les mêmes clichés
avec un appareil photographique différent obtiendra un
résultat encore
différent.
Il
est donc très amusant et affligeant d’entendre des
«pseudo-experts», après
simple examen
visuel sans référence, tenir des propos
et des jugements catégoriques et péremptoires sur les
nuances des
peintures de camouflage de tel ou tel avion qui n’existe plus
et dont il ne
subsiste que quelques vieux clichés en noir-et-blanc ou des
clichés couleurs dont les teintes ont été
modifiées par le vieillissement des pigments. A noter
également que pour les photos noir-et-blanc, l'utilisation
de gélatines argentiques orthochromatiques ou
panchromatiques peuvent donner à un même sujet des
apparences très différentes.
Comme
l'identification des couleurs demeure malgré tout un enjeu
économique important
au niveau industriel en particulier pour les fabricants ou les
utilisateurs de
peintures et pour l'imprimerie, il s’est avéré
nécessaire
d’établir des standards de
référence. Sous
l’égide de la Commission Internationale de
l’Eclairage (CIE) des protocoles de mesure ont
été définis au moyen de sources
lumineuses et de photorécepteurs
étalonnés
dans le but de créer des palettes de couleurs (RAL,
Pantone…) qui puissent
servir de référence. Ce sont ces palettes qui par
examen
visuel simultané de la
couleur à déterminer et de la couleur de
référence
permettent d’identifier et
de qualifier visuellement une teinte.
Enfin
on observe que la taille de
l'objet contribue a son apparence : ainsi plus l'objet est petit ou
observé de loin
plus les teintes apposées devront être
éclaircies
pour que l'apparence de la maquette retrouve l'aspect de "original". En
fait, pour un champ visuel de dimension donnée, la part du flux
lumineux réfléchi par l'objet par rapport à celle
réfléchie par son environnement sera fonction de la
surfaces de l'objet relativement à la surface de l'environnement
perçus dans le champ visuel. En définitive le contraste
entre l'objet et le fond sur lequel il est observé
apparaît également comme un élément à
prendre en compte dans l'appréciation de la couleur